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L’année dernière s’est déroulé à Abidjan (Côte d’Ivoire) un événement très important dans le milieu des arts vivants, qui n’avait pas eu lieu depuis quatorze ans : le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (Masa). C’est là que j’ai rencontré mon premier « V.I. », ou plus exactement « vendeur d’illusions ».

Une foule importante s’était rassemblée dans le grand stade de Treichville où étaient organisés les concerts programmés pour l’inauguration du Masa. Daara J Family, Salif Keïta, P-Square ou encore Magic System se sont succédé devant un public en délire. On pouvait apercevoir en tribune présidentielle Abdou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie de l’époque, de nombreux ministres de pays africains ainsi que des artistes tels que Youssou N’Dour, Michel Gohou…

Les journalistes étaient également nombreux. À l’époque, je travaillais pour Africa N°1. Grâce à Yannick du protocole de je ne sais quel ministre, une journaliste de RFI et moi-même avons eu la chance d’accéder à la tribune présidentielle. J’ai ainsi pu réaliser mes interviews dans de très bonnes conditions.

Vingt-quatre plus tard, Yannick m’invite à prendre un café avec ma consœur de RFI. J’étais alors persuadée qu’il en pinçait pour ma collègue. Ayant un emploi du temps un peu chargé, je décline sa proposition mais l’invite en retour à venir regarder une pièce de théâtre que je devais couvrir, au Centre culturel français. Il s’agissait de la dernière création de Souleymane Koly, intitulée Paroles de femmes. Mais, très occupée, je n’ai malheureusement pas pu beaucoup m’entretenir avec lui. Ce qui ne l’a, semble-t-il, pas vexé, en grande conversation qu’il était avec ma cousine, également présente.

Par politesse, j’ai accepté un café quelques jours plus tard, mais il n’était pas question de plus. Et là, il m’a sorti le grand jeu ! Voiture avec chauffeur, restaurant agréable et des mets que je ne connaissais pas, malgré mes origines ivoiriennes…

J’étais touchée par tant d’attentions mais en aucun cas sous le charme. Puis il a appelé sa sœur, pour me la présenter. Surréaliste… Mais ça ne s’arrête pas là ! Il m’a ensuite proposé de rencontrer sa mère, à qui il avait parlé de moi, soi-disant victime d’un coup de foudre. Incroyable !

Certes, il était très sympathique, mais nous n’avions quasiment aucun point commun, à part l’amour de la cuisine ou de la chanson (il chantait dans le chœur d’une grande paroisse à Angré, un quartier d’Abidjan). Monsieur en profite pour me glisser qu’il est catholique pratiquant et que c’est pourquoi il évite d’avoir trop de rapports sexuels et aimerait m’épouser si jamais j’accepte ses avances… !

Je retourne en France sans lui avoir fait aucune promesse. De son côté, il me raconte qu’il a décroché un poste en Tunisie pour se rapprocher de moi, qu’il pourra ainsi me rendre visite chaque mois, et que je pourrai moi aussi venir le voir… Quel programme ! J’aurais dû lui dire avec plus de fermeté que je n’étais pas intéressée mais cette histoire prouve que la politesse a ses limites.

Nous étions également devenus amis Facebook. Je voyais des statuts à coucher dehors : « Mon amour me manque », « Ton absence me rend malade », « Je te rejoins bientôt, ma Princesse », accompagnés de nombreux titres d’artistes camerounais ou congolais pour « faire honneur » à mes autres origines, sans doute. Pendant ce temps-là, j’angoissais doucement en me demandant s’il allait oser me tagguer un jour…

Un dimanche matin, je reçois un appel avec l’indicatif +225, venant tout droit de Côte d’Ivoire. C’était lui. Il semble paniqué et m’explique, la gorge nouée, que sa voiture est accidentée et que c’est très grave, qu’il a besoin de mon aide. Je garde mon calme. Lui : « Princesse, j’ai besoin que tu m’envoies en urgence 1 million de Francs CFA », soit 1500 euros. Moi : « Pas de problème ! » Lui : « Gloire à Dieu, je savais que je pouvais compter sur toi ! Je te les rendrai dans un mois. » Moi : « Bien sûr que tu vas me les rendre… Mais avant de te les envoyer en urgence, j’ai besoin de ton RIB en urgence, pour le virement… » Lui : « Pas de problème ! Si je ne paye pas rapidement, je risque avoir de sérieux problèmes avec la justice car j’ai percuté une grosse berline et le propriétaire est une personne influente… »

Moi : « Je n’ai pas fini ! Mon avocat va te faire une reconnaissance de dette, donc tu vas m’envoyer une photocopie de ta pièce d’identité, la photo de ta voiture accidentée, le contact du propriétaire de l’autre véhicule… On va faire ça dans les règles de l’art et dès que je reçois tout ça, je te fais le virement et tu pourras jouir de cet argent. » Il me répond qu’il est d’accord.

Je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Enfin si, via Facebook. J’ai découvert qu’une semaine plus tard, il se mariait avec sa fameuse sœur. Oui, vous avez bien lu, ce type voulait « me couper », comme on dit en Côte d’Ivoire.

Les Copines, les copains, hé Dieu… Je ne sais pas s’il y a écrit « stupide » sur mon visage, mais on a très souvent essayé de m’arnaquer au cours de mes voyages. Malgré mon envie indiscutable de m’adapter dans chacun des pays dont je suis originaire, que j’ai visités ou dans lesquels j’ai vécu, je suis et demeure toujours une touriste, une étrangère qui doit intégrer certains codes. Méfiez-vous des amis qui débarquent dans votre vie du jour au lendemain, restez souriants si vous l’êtes mais soyez également vigilants. Si l’amour est partout, l’arnaque l’est aussi !

Cet article est lisible sur les sites de nos partenaires de NOFI et JE WANDA

About The Author

Journaliste, conseillère en communication et blogueuse. Avec Miss Cotton, il sera question de voyages, lifestyle, expériences de vie, mode et beauté.

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